Itinérance Au fil de l'Herbe
Bonjour, nous c'est Viviane et Emeric, nous sommes deux éleveurs bergers, herbassiers (sans terres). Nous élevons notre troupeau, que l'on surnomme les filles, les petits. Nous sommes accompagnés par Mendi, Mistral, Zéphyr, Fléole, Swing, TaÎwan,Tango, Opale, Stella Puffin, Elfie, Cyra, Laya les patous et Border Collie, nos partenaires de travail et compagnons de vie.
Itinérants à l’année avec nos brebis Mérinos et Mourérous, nous sillonnons entre Drôme, Isère, Rhône pour trouver des herbages au gré des saisons et de la météo.
Nous vivons en habitat mobile, minimaliste, au plus près des animaux. Nos brebis vivent en plein air intégral, y compris l’hiver. Elles pâturent en permanence de l’herbe fraîche dans des couverts, friches, vergers ou prés de fauche. Fin juin, nous montons en alpage jusqu’à l’arrivée de la neige.
L’aventure a commencé il y a bien longtemps
2003 – Tout débute dans les Hautes Alpes, la Ferme, une cinquantaine de « têtes », une vie sur la colline à la belle saison et dans la bergerie l’hiver. Le troupeau ne supporte pas bien ce confinement. La décision est prise.
2009 – 2017 - Le troupeau va vivre en plein air intégral. Il parcourt les Baronnies, plateau d’Albion, Lubéron pendant plusieurs années. De collines en vallons, en passant par les plateaux ou plaines du sud de la Drôme, du Vaucluse, des Hautes Alpes, il pâture garrigues, forêts, friches, parcelles abandonnées ou en jachères.
Il se déplace tantôt à pied, tantôt en camion.
On nomme un tel troupeau et son berger, « herbassier », conduite peu répandue de nos jours.
Notre objectif est de nourrir les animaux uniquement à l’herbe (sans foin ni compléments) chaque jour, quelle que soit la saison.
2017 jusqu’à ce jour - Face aux sécheresses estivales consécutives, il devient nécessaire de chercher de nouvelles ressources, de nouvelles régions d’accueil.
Nous partons en périphérie lyonnaise sud, le long de la vallée du Rhône, de l’Isère pour trouver des herbages au gré des rencontres, du bouche à oreille, des saisons, de la disponibilité des terrains mis à disposition par des agriculteurs ou autres.
Dans les champs, des cultures intermédiaires sont implantées afin de ne pas laisser le sol à découvert durant l’hiver. Avant le semis de la culture de printemps, ce « couvert végétal » doit être détruit mécaniquement (broyage, roulage) ou chimiquement (désherbage).
C’est à ce stade que notre troupeau intervient, évitant ce passage (économie de temps et de carburant, chimie). En échange, il est nourri et laisse derrière lui une fumure organique directement assimilable par la plante. La difficulté est de se synchroniser dans le temps et l’espace avec les différentes parcelles des agriculteurs et leur calendrier cultural. Être au bon endroit au bon moment tout en limitant les déplacements des animaux.
Dans ces régions le troupeau pâture une plus grande diversité de milieux : prairies, jachères, friches agricoles et industrielles, aérodrome de Lyon Corbas, vergers, vignes, plantes aromatiques…
La rusticité - Cette conduite d’élevage sans bâtiment, s’appuie sur une sélection naturelle des animaux vis-à-vis de la rusticité et non pas selon leurs « performances », rendement ou mesures morphologiques. Nos brebis sont de bonnes marcheuses !!
Nous agissons préventivement. Changer régulièrement de pâturage, varier les types d’herbage (dont des friches à la végétation sauvage) offre une alimentation diversifiée. Les défenses immunitaires des animaux sont stimulées en permanence. En cas de nécessité, nous faisons appel aux huiles essentielles, homéopathie, magnétisme, apport de minéraux.
Nos animaux sont ce qu’ils mangent… Nous sommes ce que nous mangeons.
Nous acceptons d’avoir un troupeau hétérogène avec des individus malingres et non standardisés. Il n’y a pas d’acharnement thérapeutique. Nous acceptons la mort de nos animaux
Ce qui est fait, imposé à nos animaux d’élevage par l’homme et par notre administration préfigure ce qui nous est imposé à nous humain, à notre société.
Et maintenant ?
Chaque année, il est nécessaire de tondre. Une tonne et demie de laine est «récoltée».
Que faire de toute cette belle matière ?
Habiter, dormir dans la laine, se vêtir, tricoter, tisser, créer à partir du fil, de la laine cardée, du feutre.
Nous avons décidé de valoriser notre laine nous-mêmes en la faisant travailler à façon auprès d’artisans aux savoir-faire ancestraux, riches de créations, de réalisations.
La tonte a lieu au printemps quand les températures redeviennent plus clémentes. Elle est effectuée « au sabot » afin de conserver une protection encore suffisante pour les animaux.
La laine est triée, mise en curons et acheminée en Haute Loire pour être lavée.
Les toisons des brebis Mourérous sont actuellement destinées à la confection de couettes, oreillers, d’articles en feutre (chaussons, semelles…), de feutre aiguilleté, de laine en vrac ou en nappe pour la création, l’habitat et son isolation. Nous confions cette prestation à deux ateliers en Haute Loire et Hautes Alpes.
La laine des brebis Mérinos est transformée en fil à tricoter dans les Hautes Alpes.
Du brin d’herbe au fil, nous tissons une belle aventure au rythme de la nature entre animaux, humains, matières, métiers de l’artisanat.
Au bout de ce fil, il y a notre itinérance et une réalité économique. Pour que perdurent tous nos savoir-faire nous avons impérativement besoin de vous, de vos achats éco-responsables. Merci d’avance de votre soutien.